Master class de Jean Bofane In Koli à la Bibliothèque Wallonie Bruxelles : “Ne craignez rien, poussez jusqu’à mourrir !”
Une rencontre Master class très éclectique a réuni In Koli Jean Bofane et un parterre d’hommes de lettre congolais, la soirée de ce mardi 10 mai à la bibliothèque de la Délégation Wallonie Bruxelles à Gombe. Cet événement restera marquée dans les esprits des auteurs congolais majoritairement issue de l’Association des Écrivains Congolais. Jean Bofane est venu à leur rencontre. Surtout pour ceux pour qui sont attachés à cet auteur congolais le plus primé “J’ai lu “Congo Inc”, et “La mathématique congolaise” de Jean Bofane avec tant de passion que c’est un honneur de venir le rencontrer” a dit un participant “
Dans la logique de la promotion de la littérature congolaise Jean Bofane a abattu un travail engagé par la qualité de ses oeuvres pour donner aujourd’hui à la littérature congolaise une place au soleil dans la scène littéraire mondiale. L’écrivain s’est fait peintre de la société, porte voix du problème congolais marqué par des conflits sanglants.
Il sied de le dire, Jean Bofane a éclairé la voie de nos auteurs et les a placé au coeur des échanges sur la question congolaise.
“C’est un grand plaisir de vous recevoir très cher Jean Bofane, grande voix qui porte la voix de la diaspora et de la RDC(…) Nous sommes ravis que tu apportes ta pierre à l’édifice. On est ensemble wote pa moja” par ces mots, invité par Richard Ali M., Catherine B. a ouvert le bal de cette transmission de l’expérience de l’auteur de “Bibi et le canard“, cet ouvrage traduit en slovène, néerlandais etc… je cite Jean Bofane.
Si Jean Bofane a eut une enfance bercée à Kawara sous la lecture à lampe tempête par son père par des grandes littératures classique de la Méditerranée et du monde arabe avec des “collections Émile Zola“, “Les milles et une nuit” mais comme toute âme profonde il faudra attendre ses 42 ans d’âge pour voir sa première publication aux éditions Gallimard, dans “Pourquoi le Lion n’est plus le roi des animaux” son premier livre, genre jeunesse qui parle de manière fabuleuse de la dictature africaine des années 90 (Mobutu). Glorieux comme début.
*Un Parcours hors pair*
Jean Bofane s’est livré à coeur ouvert devant ses pairs congolais au CWB, dans une bibliothèque bondée de monde.
“Je n’aime pas écrire. L’écriture c’est ce qu’il y a de plus difficile. L’écriture peut tout vous dépouiller. Pour moi la littérature est un accident de parcours. Ces jeunes loups de la littérature je les subjugue. Moi à leur âge je n’ai rien écrit.
C’est la guerre la violence politique. Le génocide du Rwanda, où les gens se découpaient à la machette pendant 100 jours. C’est ce qui m’a amené à écrire”
A-t-il avoué d’avoir entamé sa littérature par nécessité. Quelle belle accident peut produire un tel génie comme Bofane.
“On est transporté par le traumatisme de nos pays. Quand il y a de la violence, on fait des équations et on abouti parfois à la poésie” Mais cet auteur plusieurs fois primé a dit n’utiliser la poésie que sporadiquement, faute de vouloir assumé le transport de la poésie. “Ne courrez pas derrière les éditions, travailler dure, et le temps est un ingrédient magique.” Ce paradoxe a laissé l’assistance perplexe.
Mais dans ses propos, malgré son humilité légendaire, Ya Jean a une intelligence incisive et exigeante “Dans la littérature on ne se contente pas de peu. J’ai écris 10 histoires que j’ai proposé à mes enfants pour enfin ne sélectionner que 3 et une. J’ai pas de routine dans l’écriture. L’écriture est un truc viscérale, quand ça te prend ?…Écrivez et écrivez des belles histoires. Je n’aime pas écrire mais j’aime tout de même les résultats de l’écriture”
Parlant de sa détermination et de sa motivation ” Je suis arrivé en Europe avec une rage kinoise. Je visais les cinq grandes éditions avec une forte conviction(…) Un bouquin? Il faut de l’énergie, il faut du souffle. Moi je vais aux défis. Et il faut aimer le livre tout d’abord”
Au cours de ce master class Jean Bofane a donné une dimension méconnue de lui et a ouvert son univers du livre aux participants puisque “Les vraies frontières sont celles de l’esprit” l’a si bien dit Yasmina Khadra.
“Dans la littérature francophone on est dans le descriptif; dans la littérature américaine on est dans la psychologie des personnages. Moi mes personnages sont trop travaillés.”
Ces échanges sur le livre ont porté quelque peu sur une revendication identitaire d’une littérature congolaise avec son originalité “La langue il faut la sublimer. Il ne faut pas faire les choses à moitié. On est scientifique aussi, la recherche occupe une place de choix dans notre travail, pour ne pas raconter n’importe quoi. J’ai suivi une formation en mathématique pour “La mathématique congolaise”” a souligné ce natif de Mbandaka gagnant du prix Makomi 2019 répondant aux questions de cet aréopage d’hommes des lettres.
“Nous avons une force de l’imaginaire. Ne craignez personnes. Poussez jusqu’à mourrir. Vous n’êtes pas obligé d’écrire comme les autres” a-t-il conclu après le dévoilement de la surprise de la soirée, celle d’un portrait “In Koli Jean Bofane” par la Chef de la Délégation WB Catherine. Son portrait est placé aux côtés des cinq grandes figures de la littérature congolaise ( Fiston Mwanza, Lye Yoka, Pi Tshibanda etc…) au coeur de la bibliothèque. Fort de son expérience personnelle, Jean Bofane a à peine voilé son souci de l’émergence des auteurs congolais sur la scène internationale, par des fleurs jeter à Fiston Mwanza M, l’un de ses poulains.
“Ce master class m’a enseigné l’essentiel de ce que je crois savoir. Il a fait sauter les verrous. Maintenant je crois que je peux déplacer des montagnes avec des récits où chaque personnage aura une vie” a révélé un jeune auteur qui n’a jamais encore été publié. Pour cette jeunesse Jean Bofane avait bien souligné “Mon souci est de mettre en place une maison d’édition qui permettra à l’auteur congolais de goûter à cette joie de vivre de son livre. En vous payant directement après dépôt de vos œuvres”
Après une mirifique présentation de Jean Bofane par un critique littéraire pas de moindre, mais Jean Paul Ilopi, la soirée s’est clôturée autour d’un verre entre Richard Ali et ses invités.
Elrick Elesse