La Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) ont confirmé les suspicions des corruptions qui ont émaillé le processus menant à la désignation du président de la commission électorale nationale indépendante.
Au cours d’une conférence de presse conjointe tenue, ce lundi 2 août 2021, à Kinshasa entre l’Eglise du Christ au Congo et la CENCO, ces deux confessions religieuses majeures ont fait le point sur le blocage dans la désignation des animateurs de la CENI.
D’après le représentant de l’ECC, les membres de la CENCO et ceux de l’ECC n’ont fait l’objet d’aucune intimidation.
« Cependant les autres membres de la plénière qui ont indiqué avoir reçu des appels téléphoniques de certaines autorités pour voter en faveur de tel candidat », a-t-il soutenu.
« Au niveau de l’examen, nous évaluons les candidats sur deux aspects notamment la technicité des candidats et les aspects liés à la personnalité des candidats. Au niveau de la technicité nous évaluons tout ce qui entre dans la matière de gouvernance, de la mécanique électorale, les connaissances des fonctionnalités et l’expertise et le leadership électoral», a déclaré le Pasteur Éric Nsenga, Porte-parole de l’ECC.
Et de poursuivre : « s’agissant des aspects liés à la personnalité des candidats, pour nous l’élément que nous évaluons est l’indépendance des candidats vis-à-vis des acteurs politiques, que ce soit du pouvoir ou de l’opposition. Nous évaluons l’éthique du candidat, sa réputation. Ce sont là les deux éléments sur lesquels nous évaluons les candidats. Et tous les candidats présents sur qui ont passé le premier tour de l’examen c’est-à-dire l’évaluation sur des aspects techniques, il y a eu consensus entre les confessions religieuses qui ont émis un prix d’appréciation qui a présenté le tableau de chaque candidat ».
D’après lui, le blocage du processus est intervenu lorsqu’il fallait aborder la question liée à la personnalité des candidats notamment leur indépendance par rapport aux acteurs politiques.
« Lorsqu’on arrive à l’évaluation des aspects liés à la personnalité des candidats, vous savez quand le législateur a confié aux confessions religieuses la mission de désigner le Président de la Commission électorale nationale indépendante, il faut prédire la pensée du législateur à la disposition dégagée à Sun-city et aux réalités expérimentales du processus électoral. C’est là qu’on peut comprendre ce que veut dire le législateur. Le législateur considère que les confessions religieuses ont une caution morale, elles sont des défenseurs de la moralité publique et incarnent l’indépendance de l’institution », a révélé le pasteur Éric Nsenga.
D’après lui, la seule garantie pour espérer que la CENI organise des élections crédibles et transparentes, c’est son indépendance vis-à- vis des acteurs politiques .
« Tout ce qui nous a fait défaut dans les différents processus électoraux ce n’est pas forcément des aspects liés à la technicité ou à la mécanique, mais c’est le problème du leadership, courage, management mais est surtout le courage exceptionnel de dire la vérité. C’est à ce niveau qu’il s’est posé un problème. Le problème c’est que les griefs ont été soulevés sur l’un des candidats. Lorsque nous entendions parler des intimidations ce n’est pas l’ECC qui a été intimidée ni la CENCO. Les intimidations et les dénonciations nous ont été rapportées par nos confrères membres de la plateforme. Si tel n’était pas le cas ils n’auraient pas signé le communiqué », a-t-il affirmé.
Cet ainsi que l’ECC et la CENCO ont estimé que ces allégations avaient tendance à jeter un discrédit sur indépendance de la CENI.
« Ça affecte son éthique et cela touche à la réputation des confessions religieuses . Mais l’autre partie estime qu’il faut relativiser le fait. Pour eux, les allégations n’avaient pas de fondements. »
La CENCO et l’ECC affirment n’avoir jamais claqué la porte des discussions. Elles indiquent que ces assises ont été suspendues par le Président de la plateforme des confessions religieuses qui avait notamment donné des garanties aux uns et aux autres de saisir personnellement le Président de l’Assemblée nationale pour solliciter un délai de prolongation. Celui-ci avait également pris la responsabilité de vérifier les allégations de corruption soulevées par les membres de la plateforme contre certaines autorités qui ont été citées dans un processus qui ne relève pas de leurs compétences.
Les deux Églises estiment en outre que la plateforme des confessions religieuses ne doit pas être une blanchisserie des manœuvres mises en place par les acteurs politiques que ce soit de l’opposition ou de la majorité au pouvoir.
Par Mitterrand MASAMUNA
Zoom-eco / Le Télégramme du Congo