Sur Top Congo Fm face à Elisée Odia, Manya Riche Moupondo assaisonne le débat du genre

Au cours de l’émission« Débat au féminin », sur les ondes de Radio Top Congo 88.4 MHZ, sept points forts ont été dégagés autour de l’invité du jour. La Sodeico, Congo Peace Center, le G13, Quid du transfert du leadership des femmes du secteur privé vers la politique, Le Genre, Le Gouvernement de l’Union Sacrée et pour boucler la boucle, la question de l’afflux massif des réfugiés centrafricains a été abordé pour chuter.
Le leadership féminin fait ses preuves dans le secteur privé en RDC, ce modèle de réussite peut-il devenir une référence, s’agissant de la politique en RDC? Les leaders féminins évoluant dans les secteurs privés doivent carrément embrassés la politique ? Elisée Odia face à Manya Riche taillent dans le vif du sujet.
1. SODEICO «l’être Humain au centre de ses activités »
En sa qualité de l’Administrateur Directeur Général Manya Riche a présentée aux auditeurs la SODEICO, qui est une société spécialisée en ressources humaines, l’une des pionnières des sociétés privées en RD Congo dans le domaine de placement. Depuis près de 20 ans, la SODEICO place l’homme au centre de ses activités.  Elle travaille avec plusieurs partenaires, les multinationales, les organismes internationaux et le gouvernement de la République.
Manya Riche Mopoundo a étalé les réalisations de la SODEICO, qui récemment a été choisie par le gouvernement pour la sélection de 1000 meilleurs jeunes licenciés à travers le pays à raison de 38 jeunes par province dans le cadre du programme « 1000 jeunes professionnels » qui vont intégrer la Fonction Publique pour en assurer la relève.
2. CONGO PEACE CENTER pour « pousser à la convergence des communautés »
Sous sa casquette, de membre Coordonnateur de Congo Peace Center (CPC),les auditeurs de Top Congo FM ont découvert une dame de fer et artisan de la paix communautaire, qui franchit le terrain accidenté de la sécurité. A la question sur le bienfondé de Congo Peace Center, Manya Riche explique, que c’est une structure qui a œuvré et continue d’œuvrer dans la résolution des conflits. CPC fait des descentes dans des zones des conflits ethnico-communautaire à travers le pays et organise des dialogues communautaires qui débouchent trop souvent par la mise en place des plans locaux de développement. « On met des communautés en conflit autour d’une table pour qu’ils essayent d’oublier leurs divergences et trouver des projets de développement commun. Et trop souvent, ce sont des notables, les chefs coutumiers, le gouvernement provincial et local qui participent à ces dialogues communautaires qui durent plusieurs jours et créent au fil de temps l’amour et l’attente entres les belligérants. A l’issue de ces dialogues, ce sont des édits qui sont votés au niveau des assemblées provinciales.CPC œuvre et encourage d’autres structures qui œuvrent dans ce secteur de pousser à la convergence des communautés » Va-t-elle explicité.
3. LE G13 « pour que les élections prochaines répondent aux aspirations et aux désidératas de la population ».
Quoique la plupart de ses membres, soient les élus du peuple, le G13 n’est pas un regroupement politique mais plutôt un groupe de réflexion. Cette clarification émane de Madame Manya Riche. C’est en tant que compatriote qu’elle s’est engagée dans cette initiative pour revendiquer l’agenda citoyen à l’intérieur du G13 dont elle est l’unique femme.
La 13ème Apôtre du G13, part du postulat que, ces trois derniers cycles électoraux ont été entachés des violences.  Que ça soit les violences pré-électorales, post-électorales et les contentieux électoraux. Pour éviter que cela ne puisse se reproduire à l’avenir le G13 avait listé un certain nombre des problématiques existant au pays dont la problématique des élections et de l’insécurité et a lancé l’appel le 11 juillet 2020 pour alerter l’opinion et les acteurs-clés.
Pour le G13, il était grandement urgent pour qu’on se mettent autour des réflexions communes en vue de trouver un consensus tout autour de la réforme du processus électoral. Il faut dépasser les clivages et mettre en place des institutions d’appui à la démocratie qui vont redonner confiance à toute la population. « Pour qu’il y ait des élections apaisées, il faut reformer les lois électorales qui sont des lois d’arbitrages et doivent se revêtir des caractères impersonnels ».
« En tant que femme, je revendique une place autour de la réflexion sur les reformes dans mon pays. Et ces réflexions ne concernent pas seulement les lois électorales mais aussi comment diminuer la misère et assurer le développement harmonieux et inclusif dans le pays ; comment améliorer le climat des affaires ; comment assurer l’avènement de l’Etat de droit ; comment faire pour que la population ne serve plus de marchepieds des privilégiés qui sont les politiciens pour que les élections prochaines répondent aux aspirations et aux désidératas de la population ».A renchéri Manya Riche Moupondo.
Le G13 a élaboré deux projets des lois qui ont été proposés au Parlement (proposition des lois organiques sur la CENI et la loi électorale). Pour Madame MRM, le G13 ne doit pas croiser les bras sur le fait qu’il a introduit deux projets des lois au Parlement, mais plutôt veut s’assurer que ces lois seront votées. Et que le calendrier proposé (même amandé) soit observé pour qu’on puisse avoir des élections apaisées et crédibles qui répondront aux normes à l’horizon 2023.
Avec le retard que nous avons, il faut redoubler d’effort pour que la loi organique sur la CENI soit votée à la prochaine session et mettre en place les animateurs de la CENI.
A la question de savoir s’il faudra d’abord installer les animateurs de la CENI puis amorcer les reformes ou commencer d’abord par amorcer les reformes puis installer les animateurs de la CENI, Manya Riche est très tranchante. Elle pense qu’il est difficile de reformer avec un bureau non issu de la réforme.
Bien que la démarche du G13 a été politisée, Manya Riche appelle les élus du peuple à voter ces lois et que les politiques et les sociétés civiles mettent en place les animateurs de la CENI. Ce n’est qu’après qu’un calendrier formalisé sera publié par la CENI pour les élections apaisées en 2023.
4. Quid du Leadership des femmes du secteur privé vers la politique ?   «  Le leadership au féminin a tendance à augmenter la productivité et la performance… »
Le leadership féminin dans le secteur privé n’est plus à démontrer, des femmes qui font des merveilles quand elles assument les hautes fonctions dans le secteur privé, par contre on ne voit pas les femmes qui sont en politique faire la même chose, est-ce qu’il faut faire un transfèrement des femmes du privé en politique ? lance Elisée Odia.
A cette question brulante Manya Riche n’est pas complaisante « Aujourd’hui, les études démontrent que le leadership au féminin fait ses preuves, désormais, les grosses entreprises se conjuguent au féminin. Le leadership au féminin a tendance à augmenter la productivité et la performance des entreprises, lorsqu’elles sont dirigées par les femmes. S’il faut définir la politique selon son étymologie, la politique est l’art de gérer la cité. Et les femmes du secteur privé ont la technocratie et la matière. La connotation de la gestion existe en politique, lorsque c’est la gestion de l’Etat qui prend le dessus ou lorsque c’est la redevabilité comme ça existe dans le secteur privé. Et lorsqu’on parle de la performance du rendement et si on peut transposer ces genres des réflexions dans le domaine politique, je pense que les femmes du privé peuvent comprendre en ce moment-là leur utilité pour celles qui souhaitent se lancer dans un nouveau défi dans la politique. »
5. Le Genre : Manya Riche portevoix des femmes congolaises
Déplorant le fait d’être la seule femme au sein du G13, Manya Riche a souligné que plusieurs femmes ont rejoint le groupe de manière informelle et ont servi de relais et de contact. Et ont même apporté un cahier de charge pour s’assurer que, lorsqu’il y aura consensus autour de ces lois, la dimension de la parité qui est consacrée à l’article 14 de notre constitution, soit bien intégrée.
Pour Manya Riche, l’article 14 de la Constitution consacre la parité, et cela signifie la représentativité égale entre les deux parties (homme et femme). Et cela doit être à tous les niveaux et à tous les secteurs. Partant des chefs des corps, des décideurs, jusqu’aux couches inférieures. Mais aujourd’hui, il est fort regrettable qu’aucune femme n’est chef de corps.
Si on se retrouve avec tous les chefs des corps masculins, donc il y a violation de l’article 14 de la Constitution, et la loi n°015/013 du 1er août 2015 qui est une loi d’application de cet article 14, il est bien spécifiée, des sanctions prévues si cette disposition constitutionnelle consacrée à la parité n’est pas respectée.
J’invite les femmes à être solidaire, et nous pourrions nous réserver le droit de saisir les instances judiciaires s’il y a violation de l’article 14 de la Constitution en ce qui concerne le nouveau gouvernement.
En sa qualité de porte-voix des femmes, Manya riche exhorte ses paires : « J’interpelle les femmes que la parité n’est pas un cadeau, elle est consacrée à la Constitution, c’est une exigence de la Constitution de faire appliquer cette parité. Et les femmes qui sont lésées doivent s’organiser et mettre en place des stratégies, user de tous ses pouvoir y compris le retour aux institutions à habiliter pour faire valoir nos droits. Car c’est une question de droit et non un cadeau. Il est temps de mettre en place une solidarité féminine, être plus programmatiques, c’est-à-dire mettre en place un parlement debout des femmes, qui porte et fait avancer la question de la parité et des droits des femmes. Montrer que nous sommes capables de maintenir et tenir notre société car nous représentons plus de 50% de la population. Elle ferme cette parenthèse en réclamant qu’il faut absolument qu’un chef de corps soit une femme à l’occurrence au Sénat. Et justice sera faite. »
6. Le Gouvernement de l’Union Sacrée «La priorité ne doit pas être le partage de gâteau »
« Au sein du G13, nous préconisons qu’il ait un gouvernement de 30 à 35 membres. Parce qu’en réalité nous n’avons pas le moyen même d’avoir un gouvernement de 35 membres. L’important n’est pas d’assouvir aux appétits gloutons des gaillards qui ont rejoint l’Union Sacrée pour le partage du gâteau. L’important c’est d’avoir un gouvernement de mission, qui va mettre en place ces réformes dont nous parlons, un gouvernement qui va amener le pays vers un meilleur devenir. » A-t-elle projeté.
Avec franchise et pragmatisme, Manya Riche Moupondo scrute la situation de fond en comble « le Congolais moyen touche moins de 2$ par jour, dans un pays qu’on qualifie à tort ou à raison de scandale géologique. Malgré nos ressources et nos 80 millions de hectares de terres arables, notre pays est qualifié comme la 2ème crise de faim au monde, juste après le Yémen avec plus de 21 millions des personnes dont plus de 5 millions d’enfants souffrent de la malnutrition sévère. Nous devons être franc, le pays est au bord de la faillite. »
« Notre budget de 2020 était de 3,5 milliards et les dépenses liées aux rémunérations et au fonctionnement des institutions étaient aussi presqu’égales à 3,5 milliards, donc n’eut été l’appui de la banque du trésor et du FMI qui a ajouté 1 milliard de dollars, nous serions arrivée à la cessation de paiement. On doit considérer nos urgences et la première urgence est de diminuer la misère de la population qui a trop durée. La priorité ne doit pas être le partage de gâteau. Bref, si on ne fait pas quelque chose de différent et d’important avec ce gouvernement, la RDC va exploser ». Chiffre à l’appui, cet argument de bâton de Manya Riche, doit permettre aux politiciens boulimiques du pouvoir, de changer leurs appétits voraces en soif de servir leur mandant, le peuple.
7. L’afflux massif des réfugiés centrafricains “une urgence qui n’attend pas un nouveau gouvernement…”
Près de cent mille réfugiés centrafricains dépourvus de tout sont entassés aux localités frontalières du Nord et Sud Ubangi. Cette question urgente a fait objet de curiosité journalistique de notre consœur Elysée Odia, dont la voix mélodieuse ne cache pas la pertinence des questions.
« c’est aussi une urgence qui ne doit pas attendre un nouveau gouvernement ou un nouveau bureau du Parlement. C’est une urgence qui doit être réglée immédiatement. Et cela demande une tripartite entre le HCR, la RDC et la RCA. Et nous devons le souligner que cet afflux des réfugiés centrafricains est venu suite à une crise électorale.
Cette tripartite doit mettre un cadre de travail, ce que nous la RDC nous pouvons faire comme pays d’accueil, le HCR comme institution habiliter et la RCA de penser au retour de ses ressortissants, une fois que les conditions sécuritaires seront résolues. »Préconise cette experte en gestion de conflit, avant d’épingler en toute sagacité « Nous ne voulons pas que ces réfugiés deviennent permanant et que cela devienne plus tard une source de conflits avec les autochtones. »
Ainsi avec flair journalistique Elysée Odia conclut dans la même visée: « donc vous craignez qu’on se retrouve avec les mêmes problèmes qui se posent au Nord avec les Mbororo et à l’Est avec les FDLR et ADF. »
Voir une femme congolaise engagée des débats à haute voltige, a enchanté bon nombre des auditeurs de Top Congo FM. Manya Riche Moupondo MRM, ayant séduit l’opinion par son argumentaire est d’ores-et-déjà classée dans la crème de crème et mérite soutien.
Par Espérance Esenge Mulenda
Le Télégramme du Congo (LTC)

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